L’actualité que nous traversons est une invitation à repenser les rapports que nous entretenons vis-à-vis des micro-organismes avec lesquels nous cohabitons. Les microbes sont partout autour de nous et en nous, dans la nourriture que nous ingérons, sur la terre que nous foulons, dans l’air que nous respirons... Nous sommes immergés dans un monde microbien.
L’individu est une association entre des cellules, des organes et des micro-organismes qu’il héberge avec des interactions permanentes.
Ces relations intimes et complexes peuvent aller de l’entraide à la compétition, en passant par la maladie. En effet, certains de ces microbes sont indispensables à notre santé, alors que d’autres participent à l’apparition de symptômes.
Nous ne sommes pas tous égaux face à la maladie. Au contact d’un même virus, des personnes développent des formes graves et d’autres des formes asymptomatiques.
Car la sensibilité à la maladie dépend à la fois du virus et de l’hôte infecté.
Alors que nous n’avons aucun pouvoir sur le virus, nous pouvons soutenir notre organisme pour qu’il se défende efficacement.
Le microbiote intestinal, acteur essentiel de cette cohabitation symbiotique, est un des facteurs clés de notre équilibre, et notamment de la régulation immunitaire.
Dans le contexte de la Covid-19, il est tout particulièrement intéressant d’explorer les interactions qui unissent le microbiote intestinal, l’hôte, et le SARS-CoV-2.
Dans une étude portant sur la composition du microbiote intestinal de patients atteints de la COVID-19 (1), des chercheurs ont objectivé qu’elle était significativement altérée chez les patients infectés par rapport aux individus non COVID-19. Avec notamment les bactéries au potentiel immunomodulateur, telles que Faecalibacterium Prausnitzi et certaines Bifidobactéries sous-représentées chez les patients infectés.
Ils ont aussi pu constater que le microbiote intestinal des patients infectés était en concordance avec la gravité de la maladie et l’ampleur des concentrations plasmatiques de cytokines inflammatoires (IL6, IL8, IL10), de protéine C-réactive (CRP), ainsi que des marqueurs sanguins liés au dommage tissulaire.
Enfin, que l’état de dysbiose intestinal était susceptible de contribuer à la persistance des symptômes, soulignant l'intérêt d'explorer davantage encore les implications du microbiote intestinal dans les mécanismes physiopathologiques de la COVID-19.
Comprendre les liens entre Covid-19 et microbiote intestinal, c’est s’intéresser à l’importance de l’axe intestin-poumon. Le microbiote intestinal est précurseur du microbiote pulmonaire et aurait une action à distance sur l’écosystème pulmonaire (2).
Effectivement, l’effet protecteur du microbiote digestif est reconnu dans les infections respiratoires. La restauration de la flore intestinale de souris axéniques (sans germes) présentant une susceptibilité accrue aux infections à améliorer la défense antibactérienne des poumons (3).
Toute dysbiose intestinale aurait donc potentiellement des répercussions sur l’homéostasie pulmonaire.
La restauration du microbiote intestinal se révèle être un levier d’action prometteur pour restaurer la santé respiratoire (4).
Comment faire en pratique pour restaurer l’équilibre du microbiote intestinal ?
Une assiette riche en légumes et en fruits, peu lavés, crus, gorgés en fibres, vitamines, minéraux, antioxydants et en bactéries dites probiotiques optimisent le rééquilibrage du microbiote intestinal, la régulation du transit, le renouvellement des cellules de l’intestin et permet l’exclusion compétitive de pathogènes (4).
L’alimentation est donc le premier levier de modulation des populations de micro-organismes dans l’intestin et de restauration de la santé avec en plus des cures de probiotiques adaptés à chacun. (5)
Yeoh, Y. K., Zuo, T., Lui, G. C. Y., Zhang, F., Liu, Q., Li, A. Y., ... & Ng, S. C. (2021). Gut microbiota composition reflects disease severity and dysfunctional immune responses in patients with COVID-19. Gut.
Revue Microbiote-12 microbiote pulmonaire
Samuelson, D. R., Welsh, D. A., & Shellito, J. E. (2015). Regulation of lung immunity and host defense by the intestinal microbiota. Frontiers in microbiology, 6, 1085.
Trompette, A., Gollwitzer, E. S., Yadava, K., Sichelstiel, A. K., Sprenger, N., Ngom-Bru, C., ... & Marsland, B. J. (2014). Gut microbiota metabolism of dietary fiber influences allergic airway disease and hematopoiesis. Nature medicine, 20(2), 159.
Holt PG. The mechanism or mechanisms driving atopic asthma initiation: The infant respiratory microbiome moves to center stage. J Allergy Clin Immunol. 2015;136:15–22.
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