L’obésité est un problème de santé publique majeur, véritable fléau mondial qui ne cesse de se développer malgré les différentes mesures mises en place pour la prévenir et la prendre en charge. Elle est une maladie multifactorielle et complexe, associée à un accroissement du risque métabolique et cardiovasculaire.
Les résultats d’études suggèrent que nous ne sommes pas tous égaux face au risque de surcharge pondérale et que différentes personnes consommant le même régime, obtiennent des résultats différents sur leur poids. Comment expliquer cette différence ?
Des chercheurs de l’Inserm et des scientifiques de l'Imperial College de Londres, ont découvert que la composition du microbiote intestinal permet de prédire la façon dont l’organisme va réagir face à une alimentation déséquilibrée, et au risque d'obésité (1).
Au-delà des prédispositions génétiques, de l’alimentation et de l’exercice physique, la composition du microbiote intestinal contribuerait-elle à la régulation du poids ?
La réponse est oui. La composition du microbiote est un facteur clé dans la physiopathologie des troubles métaboliques liés à l’obésité. Il joue un rôle essentiel dans le métabolisme énergétique de l’hôte, l’assimilation des nutriments et des calories, et la façon dont il participe à digérer la nourriture est tout aussi importante que la nourriture elle-même.
L’équipe de Gordon a montré que des souris axéniques (dépourvues de micro-organismes), ont une masse adipeuse moins développées que leur congénères, malgré le fait qu’elle consomment 30% de plus de nourriture pour survivre (2).
Les personnes obèses ont un profil de microbiote intestinal bien particulier. Elles présentent notamment une perte de diversité bactérienne intestinale (3)(4), ainsi qu’une dysbiose (perturbation de la composition) avec un ratio en faveur des Firmicutes, au détriment des Bacteroidetes, deux grandes familles qui composent la flore intestinale (5). Enfin, la prise de probiotiques (Lactobacillus gasseri) chez des individus en surpoids diminue leur adiposité abdominale de façon significative (6).
En conclusion, moduler le microbiote intestinal semble offrir de nouvelles perspectives et des solutions face à l’épidémie de surpoids et d’obésité, et s’avère être une stratégie de prévention et de prise en charge prometteuse.
Bäckhed, F., Manchester, J. K., Semenkovich, C. F., & Gordon, J. I. (2007). Mechanisms underlying the resistance to diet-induced obesity in germ-free mice. Proceedings of the National Academy of Sciences, 104(3), 979-984.
Le Chatelier et al., (2013), Nature, 500(7464):541-6
Turnbaugh P., Ley R., Mahowald M., Magrini V., Mardis E., & Gordon J. (2006) An obesity-associated gut microbiome with increased capacity for energy harvest – Nature 444, 1027-1031
Ley RE, Turnbaugh PJ, Klein S et al. Microbial ecology: human gut microbes associated with obesity. Nature 2006;444:1022-3
Kadooka Y, Sato M, Imaizumi K et al. Regulation of abdominal adiposity by probiotics (Lactobacillus gasseri SBT2055) in adults with obese tendencies in a randomized controlled trial. Eur J Clin Nutr 2010;64:636-43
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